C’est pas de la daube, Hermann !
Mine de rien, tout doucement, Hermann est devenu l’un des grands maîtres méconnus de la BD francophone. Et depuis quelques années qu’il réalise ses albums en couleurs directes, splendide utilisation de l’aquarelle, son art explose et trouve enfin tout son potentiel : petite revue de ses derniers albums chez Dupuis.
« « Jeremiah T.24 : Le dernier diamant » et « Jeremiah T.25 : Et si un jour, la terre… » par Hermann» et « Jeremiah T.25 : Et si un jour, la terre… » par Hermann
Editions Dupuis – Collection “Repérages”
Si vous ne connaissez de « Jeremiah » que la fade adaptation en feuilleton télé politiquement correct réalisée aux USA et actuellement diffusée sur le cable, ruez-vous sur ces deux albums. Les aventures de Jeremiah peuvent se lire indépendamment les unes des autres et l’ordre de celles-ci n’a pas grande importance. Il suffit de savoir que Jeremiah et son pote Kurdy sont deux errants à travers un monde post-apocalyptique ou les codes sociaux et culturels se retrouvent décalés, voire complètement chamboulés. L’humanité s’est réorganisée en petits îlots de civilisation autonomes et nos héros voyagent de communauté en communauté, rencontrant des individus ou des groupes toujours différents à chaque étape. Dans « Le dernier diamant », ils sont les témoins involontaires d’un drame familial entre deux frères : l’un est un flic honnête, marié à une Mexicaine rejetée par la communauté xénophobe, l’autre est un malfrat violent et meurtrier. Entre les deux se joue une tragédie matérialisée par quelques bijoux et dont le dénouement sera sanglant, laissant Jeremiah désemparé et épuisé comme rarement. Dans « Et si un jour, la terre », Jeremiah et Kurdy croisent la route d’un bien étrange groupe de personnes dans un paysage pétrifié qui semble doué d’une vie propre. Qui est la mystérieuse jeune fille cloîtrée à l’arrière du véhicule ? D’où vient ce singe qui semble suivre le convoi et surtout qui est l’homme mystérieux qui semble suivre Jeremiah avec des idées de meurtre ? Dans ces deux albums, la maestria d’Hermann éclate aussi bien au niveau du scénario et de la caractérisation des personnages, que sur le plan graphique où son utilisation des nuances de l’aquarelle crée des ambiances floues, changeantes, oppressantes. Du grand art !
« Zhong Guo » par Yves H. et Hermann
Editions Dupuis – Collection “Aire Libre”
Pour ce one-shot, Hermann s’est adjoint la collaboration de son fils, Yves H. qui s’est chargé de la partie scénaristique. On se retrouve dans une Chine futuriste où les idéaux et la doctrine communiste ont gardé toute leur puissance. A l’heure ou des accords commerciaux vont être signés entre la Mère Patrie et les USA, un dissident soupçonné d’espionnage trouve refuge à l’intérieur de l’ambassade américaine. L’agent Ditto sera chargé de le protéger et de faciliter son évacuation à l’occasion du traditionnel bal qui marque la fête nationale US à l’ambassade. S’engage alors une sorte de film de James Bond futuriste sur fond de secrets d’Etat et de clonage. Le résultat est angoissant, pessimiste, tout en restant profondément humain. La famille Hermann a décidément de l’or dans les doigts ! On attends avec impatience le prochain volume de « Bois-Maury », la série historico-médiévale d’Hermann chez Glénat !
Olier
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24 août 2004
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