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Hors des sentiers battus... « Le Grand Large tome 1 : Vieillir, c’est pas pour les petites natures… » de Gilles Cazaux et Thierry Souflard Editions Casterman Angelo Broccoli, comme un bon fils de manouche qu’il est, n’a pas du tout l’intention de laisser le cancer emporter sa vieille maman sans emmener celle-ci découvrir la Baie de Somme dont, pense-t-il, l’air lui fera le plus grand bien. Et voilà comment commence ce road movie pas banal à bord du vieux camion familial, avec Gainsbarre qui braille dans l’autoradio, les barbecues improvisés sur le bord de la route, les tournois de ping-pong à la poêle à frire et les gélules de la vieille à prendre à intervalles réguliers. Pour tout viatique, les Broccoli mère et fils ne peuvent compter que sur la pension versée à la Poste par un père lâche et absent. Mais, au détour d’un virage nocturne, Angelo emboutit la moto d’une mystérieuse jeune fille unijambiste nommée Mélody Nelson (sans doute une autre fan de Serge…). La jolie pétroleuse n’aura aucun mal à s’insinuer dans le couple mère-fils et à transformer le voyage en cavale véritable, tandis que l’Angelo tombe doucement amoureux d’elle et que la vieille se prépare quitter ce monde. Ancien photographe dont la spécialité était les reportages sur les marginaux de notre société (tziganes, sans-abris, détenus…) le scénariste Thierry Soufflard est ici en terrain connu. Ses dialogues claquent juste, l’argot et les expressions imagées fleurissent dans presque chaque bulle. Le dessin de Gilles Cazaux, épais et en couleurs directes où dominent le jaune et le rouille se lient parfaitement au script. Le tout compose un album agréable, dépaysant et poétique dont on se surprend à attendre la suite en allant retourner la cassette de Gainbourg dans l’autoradio. Promis, à Noël prochain, j’achète un auto-reverse… « L’épouvantail pointeur » par Omond et Beuzelin Editions Glénat – Collection Carrément BD Format inhabituel et couverture splendide rehaussée par un pelliculage mat pour cette BD hors norme : dans un état totalitaire, le pouvoir a choisi de justifier la présence constante de sa police en employant un épouvantail public, chargé d’effrayer les gens. Cet épouvantail, sorte de Jack l’Eventreur grimaçant, accompagné d’un drôle de chien jaune passe donc ses nuits à faire « Bouh ! » à la populace, tombant au passage amoureux d’une aliénée, attachée à un lit au fond d’un asile sordide… jusqu’au jour où il reçoit sa lettre de licenciement. Le pouvoir qui l’emploie a décidé de faire appel désormais à un épouvantail plus performant, plus effrayant et, du coup, notre « héros » se retrouve obsolète, dépassé par le progrès des armes de la terreur. Mais notre homme a sa conscience professionnelle et effrayera bien qui effrayera le dernier. Cette histoire pleine de poésie et de symboles est admirablement servie par le trait dynamique et nerveux de Beuzelin. On pense bien évidemment à « V for Vendetta » de Moore et Lloyd pour l’ambiance oppressante de répression. Un petit bémol cependant : le scénario tend à s’essouffler sur la longueur, une faiblesse à laquelle ne nous a pas habitué l’auteur de l’excellent « Toto l’Ornithorynque ». Olier |
15 janvier 2003
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